La dilatation-torsion de l’estomac et les facteurs de risque
juin 07, 2022
L'amélioration de la santé dépend de nombreux facteurs. En tête de liste figurent les compétences de l'éleveur, la technologie et la volonté d'utiliser de nouveaux outils. Ces facteurs comprennent la gestion, l'analyse du pedigree et les facteurs environnementaux. La compétence de l'éleveur appelée « connaissance de la race » comprend la compréhension des troubles redoutés de sa race. Il s'agit des maladies qui peuvent paralyser, tuer, rendre aveugle ou entraîner une mort prématurée. À cet égard, la dilatation-torsion de l’estomac est une maladie redoutable, et elle fait l'objet du présent document.
La dilation-torsion de l’estomac se produit chez les chiens lorsque l'estomac se distend avec de l'air puis, alors qu'il est dilaté, se tord. Cette action interfère avec l'apport sanguin à l'estomac et aux autres organes digestifs, bloque le passage des aliments, provoque une distension de l'estomac, entrave le retour du sang vers le cœur et réduit le débit cardiaque. Les tissus sont privés de sang et d'oxygène, ce qui entraîne leur mort et la libération de toxines dans le sang, provoquant de graves perturbations du rythme cardiaque et aboutissant généralement à la mort si elle n'est pas traitée.
Cette maladie suit un parcours prévisible qui se déroule généralement en trois phases.
1re phase – Le chien commence à montrer des signes tels :
1. Faire les cent pas, agitation, halètement et salivation;
2. Tentatives de vomissement;
3. Augmentation du volume de l'abdomen.
2e phase - Le chien présente les symptômes suivants :
1. Agitation, gémissements, halètement, salivation;
2. Tentatives infructueuses de vomir (toutes les 2 à 3 minutes);
3. Les gencives deviennent rouge foncé;
4. Augmentation du rythme cardiaque (180 à 210 BPM);
5. L'abdomen s'élargit et semble tendu. Lorsqu'on le frappe avec le doigt, il émet un son creux.
Action recommandée : Transporter immédiatement le chien chez un vétérinaire.
3e phase - La situation s'aggrave :
1. Les gencives deviennent blanches ou bleues;
2. Le chien est incapable de se tenir debout ou a une démarche tremblante;
3. L'abdomen est dur et gonflé;
4. Le rythme cardiaque s'accélère (200 BPM ou plus), le pouls peut devenir faible.
Action recommandée : Agir rapidement; transporter le chien chez le vétérinaire, utiliser une trousse pour la dilation-torsion de l’estomac (Bloat Kit, disponible sur le site suivant : www.breedingbetterdogs.com). La mort est souvent imminente. En général, un chien passe de la première à la troisième phase en quelques heures.
Ceux qui connaissent cette maladie l'associent aux races de grande taille et à thorax profond. On pense qu'elles sont les plus à risque car elles ont des cavités corporelles profondes qui permettent à l'estomac de se déplacer et de se tordre. D'autres facteurs considérés comme associés à cette maladie sont la suralimentation et la rapidité de la consommation, l'alimentation quotidienne en un seul repas, la consommation élevée d'eau, le stress et l'exercice après le repas. Malheureusement, seuls quelques facteurs de risque ont été identifiés. Des études menées dans le passé ont suggéré que les facteurs pouvant influencer cette maladie comprennent des facteurs spécifiques au chien; la gestion, l'environnement, la personnalité et une combinaison de ces facteurs (condition physique, génétique, âge et sexe).
Les races considérées les plus à risque sont le berger allemand, le grand danois, le colley, le braque de Weimar, les setters irlandais et Gordon, le Saint-Hubert, l'akita, le Saint-Bernard, le mastiff, le grand caniche, le labrador, le retriever doré, le doberman pinscher et le chow-chow. De nombreuses autres races sont connues pour souffrir de la dilatation-torsion de l’estomac et elles sont également à risque.
UNE NOUVELLE ÉTUDE
Au début de l'année 2010, le Dr Carmelo Battaglia de l'American Kennel Club et la Dre Cindy Otto, du service vétérinaire de l'Université de Pennsylvanie, ont collaboré avec deux autres scientifiques : Marko Pipan, DMV, DACVECC et Dorothy Cimino Brown, DMV, MSCE, DACVS, pour étudier la maladie. Les données montrent que la probabilité déclarée de développer la dilatation-torsion de l’estomac au cours de la vie est de 24 % chez les chiens d'exposition de grande race et de 21,6 % chez les chiens d'exposition de race géante. D'autres études indiquent que le taux de mortalité varie de 10 % à 33 %. L'incidence élevée associée à un taux de mortalité élevé, fait de la dilatation-torsion de l’estomac une maladie redoutée. Selon Bell, les grands danois présentent le plus grand risque sur toute la durée de vie, soit 42,4 %.
Notre étude avait pour objectif d'évaluer les facteurs de risque de la dilatation-torsion de l’estomac chez les chiens dans une vaste zone géographique. Un sondage sur Internet a été utilisé pour attirer des propriétaires de plus de dix pays qui ont présenté des rapports sur plus de 2 551 chiens. L'analyse des données et l'examen par les pairs ont permis d'identifier les facteurs significativement associés à un risque accru de la maladie.
Ces facteurs incluent :
· Les croquettes sèches;
· L'anxiété;
· Un chien né dans les années 1990;
· Un animal de compagnie;
· Un chien qui passe au moins cinq heures par jour avec son propriétaire.
À partir de nos résultats, nous avons pu identifier les facteurs associés à une diminution du risque de la dilatation-torsion de l’estomac. Il s'agit notamment de :
· Un chien qui joue avec d'autres chiens;
· Un chien qui court après les repas;
· Des compléments alimentaires à base de poisson et d'œufs;
· Un chien qui passe autant de temps à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Notre sondage diffère des autres enquêtes à bien des égards. Il a été réalisé en direct entre le 9 juin 2010 et le 8 août 2010. Les participants ont été recrutés en publiant des liens vers des sites Web utilisés par les propriétaires de chiens (www.breedingbetterdogs.com). Les informations ont été diffusées lors de réunions de propriétaires de chiens et dans des bulletins d'information destinés aux propriétaires et aux éleveurs (par exemple, American Kennel Club-Canine Health Foundation), dans des listes d'adresses électroniques destinées aux propriétaires et aux éleveurs (par exemple, chiens de secours 9/11 et groupes d'agilité), dans des publications canines (par exemple, le magazine Celebrating Greyhounds) et dans des courriers électroniques transmis par les participants.
Grâce à l'accès à l'Internet, notre sondage était accessible aux personnes de tous les pays. La distribution n'était ni limitée ni contrôlée. Tout propriétaire de chien qui découvrait le sondage pouvait répondre au questionnaire et on l'encourageait à partager le lien d'accès avec d'autres propriétaires de chiens.
CONCEPTION DE L'ÉTUDE
Notre sondage était divisé en trois parties : généralités, gestion, et environnement. La partie généralités comprenait des questions de fond applicables aux chiens atteints de la dilatation-torsion de l’estomac, et des questions applicables aux chiens sans la maladie. Cette section portait sur les facteurs démographiques, notamment l'année de naissance, la race, le sexe, le statut de stérilisation et la fonction (c'est-à-dire animal de compagnie, chien de performance, chien de sport compétitifs, chien de travail, chien d'exposition), ainsi que le pays et le code postal où vivait le chien. Les réponses ont permis de diviser les répondants en deux groupes : les chiens présentant une dilatation-torsion de l’estomac et qui ont été traités par chirurgie et les chiens sans la maladie (groupe de contrôle).
Dans le groupe dilatation-torsion de l’estomac, nous avons inclus les chiens qui ont subi un traitement chirurgical ainsi que les chiens qui sont décédés ou ont été euthanasiés en raison d'une dilatation-torsion présumée ou confirmée sans chirurgie. Les répondants ayant un chien atteint d'une dilatation-torsion de l’estomac nécessitant une intervention chirurgicale ont été dirigés vers une série de 44 questions organisées en quatre catégories.
La première catégorie (informations générales) comprenait des facteurs spécifiques au chien, tels que l'âge au moment de la maladie, les antécédents de la maladie dans la parenté, la note de condition corporelle (échelle d'évaluation numérique de 1 à 9), les antécédents de chirurgie, d'anesthésie, de diarrhée ou d'autres maladies, la vitesse d'ingestion (échelle d'évaluation numérique de 1 à 5) et la tendance à dormir sur le dos.
La deuxième catégorie concernait les facteurs de gestion tels que les activités du chien (expositions canines, entraînement sur le terrain, activités de schutzhund ou de travail, entraînement à l'obéissance, agilité), le type de régime alimentaire (croquettes, aliments en conserve, aliments crus du commerce, aliments cuits maison, aliments crus maison), la fréquence des repas et les suppléments (œufs, huile de foie de morue, poisson, vitamines, poulet cuit, poulet cru, fromage, yaourt, suppléments pour le poil) et les aliments de table; l'alimentation à partir de bols surélevés; le logement postprandial (c'est-à-dire en cage, en liberté à l'intérieur, en liberté à l'extérieur); le moment le plus pertinent (c'est-à-dire immédiatement, une demi-heure, une heure, une à trois heures, trois à six heures ou plus de six heures après avoir mangé) et le type d'activités postprandiales (c'est-à-dire courir à l'extérieur, courir à l'intérieur, jouer avec d'autres chiens, faire de la course à pied avec le propriétaire, être en cage); le mode de vie (c'est-à-dire principalement à l'intérieur, principalement à l'extérieur, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur); le logement habituel (c'est-à-dire en liberté, en cage, en enclos); la compagnie prédominante (c'est-à-dire seul, avec d'autres chiens, en famille, sans famille); le nombre d'heures passées avec le propriétaire chaque jour; le nombre de jours passés avec le propriétaire chaque semaine; le logement de nuit (c'est-à-dire à l'intérieur, à l'extérieur ou les deux); et la compagnie (c'est-à-dire le propriétaire ou le manieur, une personne familière, une personne non familière, seul) et le lieu (c'est-à-dire la maison, la pension, le centre d'entraînement, un autre environnement familier, un environnement non familier, un voyage) pendant la période précédant la dilatation-torsion de l’estomac.
La troisième catégorie se concentrait sur les facteurs environnementaux tels que le lieu de résidence (c'est-à-dire urbain, en banlieue, rural), la présence d'autres chiens et chats dans le foyer; l'arrivée récente d'un nouvel animal de compagnie ou d'une nouvelle personne dans le foyer; et la saison, la température extérieure (échelle numérique de 1 à 5, où 1 = sous le point de congélation et 5 = extrêmement chaud), et la présence d'œstrus chez les femelles sexuellement intactes au moment de la maladie.
La dernière série de questions concernait les facteurs de personnalité du chien, tels que les comportements excitables comme les aboiements aux frappes à la porte, aux étrangers, aux autres chiens, la difficulté à se contrôler, la poursuite de la queue, les pirouettes incontrôlables, l'oubli, la fuite, les jeux avec les chiens. Nous avons également tenté de mesurer l'anxiété (échelle d'évaluation numérique de 1 à 9) et le niveau d'énergie (échelle d'évaluation numérique de 1 à 9).
Un groupe de contrôle (chiens sans la maladie) faisait partie de cette étude. Les propriétaires de chiens qui n'étaient pas atteints de la maladie ont été invités à répondre à trente-deux questions qui ont été utilisées pour étudier d'autres domaines connexes qui ne sont généralement pas inclus dans les autres études sur la dilatation-torsion de l’estomac.
STATISTIQUES
Notre rapport publié comprenait des statistiques descriptives telles que les valeurs médianes et les fourchettes. Les données catégorielles ont été exprimées sous forme de fréquences. Une analyse de régression logistique a été utilisée pour évaluer les facteurs de risque de la dilatation-torsion chirurgicale. Le 1er tableau donne une vue d'ensemble de l'étude pour les chiens atteints de la maladie et le groupe de contrôle, ainsi que le pays où réside le propriétaire.
1er TABLEAU - CARACTÉRISTIQUES DE L'ÉTUDE
Facteur Groupe de contrôle Pourcentage Groupe avec D-T Pourcentage |
|
N= 1,437 N= 1,114 |
Pays |
États-Unis 1,229 85 956 86 |
Canada 102 7 102 7 |
Royaume-Uni 28 2 40 3.5 |
Australie 38 3 32 3 |
Autre 40 3 35 3 |
Décennie de la naissance du chien |
1960 102 7 158 14 |
1990 464 32 512 46 |
2000 – 2010 871 61 444 40 |
Race |
Berger allemand 153 11 148 13 |
Grand danois 145 10 136 12 |
Grand caniche 54 4 62 6 |
Doberman pinscher 63 4 42 4 |
Autres races pures 977 68 701 63 |
Races croisées 45 3 25 2 |
Sexe et statut de stérilisation |
Femelle stérilisée 419 29 284 26 |
Femelle intacte 281 20 199 26 |
Mâle stérilisé 3 15 22 328 29 |
Mâle intact 422 29 303 27 |
|
NUTRITION ET GESTION
Plusieurs personnes pensent que la nutrition est un facteur contribuant à la dilatation-torsion de l’estomac. Nos résultats indiquent que la gestion du régime alimentaire est un facteur contributif. Nous avons évalué le type d'aliments, la fréquence des repas et le volume de nourriture. Une étude a montré que les aliments secs commerciaux pour chiens étaient à l'origine de la maladie. Cependant, dans une étude de contrôle récente, l'alimentation avec des aliments secs commerciaux n'a pas augmenté l'incidence de la maladie (Raghavan). Toutefois, on a constaté que l'alimentation avec un seul type d'aliments augmentait la probabilité de dilatation de l’estomac, alors que l'ajout d'aliments de table à un régime habituel composé principalement d'aliments secs pour chiens réduisait le risque de dilatation-torsion aiguë. Les chiens nourris avec un grand volume de nourriture par repas (quel que soit le nombre de repas quotidiens) présentaient un risque significativement plus élevé de dilatation, le risque le plus élevé étant celui des chiens nourris avec un grand volume une fois par jour. Contrairement aux recommandations précédentes en matière de gestion, nous avons constaté que l'alimentation à partir de bols surélevés, le fait d'humidifier les aliments secs avant l'alimentation et de restreindre l'eau et l'exercice avant et après les repas augmentaient le risque de dilatation-torsion de l’estomac.
ENVIRONNEMENT
Les données suggèrent que certains facteurs environnementaux peuvent également influencer le risque de dilatation-torsion. Par exemple, les chiens de grande race vivant dans une résidence rurale représentaient un risque plus élevé, mais pour les chiens de race géante, une résidence urbaine était associée à un risque accru de dilatation-torsion. Chez les chiens militaires au Texas, la maladie était plus fréquente pendant les mois les plus frais (novembre à janvier) et moins fréquente pendant les mois les plus chauds (juin à août). Cette variation saisonnière n'a pas été détectée chez les chiens appartenant à des clients en Suisse, où des températures environnementales plus chaudes étaient significativement associées à l'apparition de la maladie.
PERSONALITÉ
Nos données suggèrent que l'interaction entre un chien et son environnement représente une composante importante du risque. Notre étude confirme la notion rapportée par Glickman (2000) selon laquelle des facteurs de personnalité tels que l'agressivité envers les personnes et la peur ou l'agitation en réaction à des étrangers ou à des changements environnementaux sont associés à un risque accru de dilatation-torsion alors qu'un tempérament « heureux » et facile à vivre, la soumission à d'autres chiens ou d’autres personnes, un niveau d'activité élevé et la participation à des expositions canines diminuent le risque de dilatation-torsion. Des études menées par (Glickman, 1997) et Brockman suggèrent qu'une variété d'événements stressants, y compris l'élevage en chenil et les déplacements en voiture, semblent précipiter les épisodes aigus de dilatation-torsion. D'autres études ont également évalué les facteurs de risque en se concentrant sur des populations spécifiques de chiens (par exemple, les chiens d'exposition et les chiens de travail militaires), mais la plupart de ces études ont porté sur un nombre relativement faible de chiens atteints de dilatation-torsion.
Les éducateurs canins ou les spécialistes du comportement canin utilisent le mot « réactivité » pour décrire les chiens qui se jettent sur eux à plusieurs reprises, aboient furieusement à la vue d'un autre chien, partent en vrille et ne tiennent pas compte des efforts d'intervention. Ces comportements ne sont pas normaux selon Dodman, un comportementaliste vétérinaire qui identifie ces chiens à l'aide du terme « réactivité ». Dans son livre « Dogs Barking Badly », il explique qu'il est normal que les chiens soient excités lorsque leurs maîtres rentrent à la maison, lorsqu'ils voient des chats, des écureuils et d'autres animaux ou lorsqu'on frappe à la porte. Ce type d'excitation est normal et peut conduire à des aboiements, à un redressement de leur queue et de leurs oreilles et au hérissement de leur poil. Miller (2009) indique que la tendance à être excité en présence d'autres chiens est héréditaire et que ceux qui ne peuvent pas gérer le stress et présentent un comportement réactif sont considérés comme différents des chiens bien adaptés. Bien que ce comportement soit souvent associé à une agression, la cause sous-jacente peut être un manque de stimulation et de socialisation adéquates au cours de la première année de vie. Il est donc facile de supposer que les chiens qui perdent le contrôle, deviennent frénétiques ou ne sont pas faciles à maîtriser peuvent être à risque. Notre étude soutient l'idée que les chiens au comportement plus calme sont moins exposés au risque de dilatation-torsion de l’estomac.
INFORMATIONS SPÉCIFIQUES AU GROUPE
L'âge médian des chiens affectés était de six ans. Dans 676 cas, la diarrhée était présente chez 14 % des chiens et une anesthésie avait été pratiquée chez 12 % des chiens 72 heures avant la dilatation-torsion. Le jour de la dilatation-torsion, la plupart des chiens étaient à la maison et en compagnie de leur propriétaire ou d'un manieur. La température extérieure était le plus souvent la médiane (3) sur une échelle allant de sous le point de congélation (1) à extrêmement chaud (5). Plus précisément, on a observé des cas de dilatation-torsion (P < 0,001), le plus petit nombre de cas ayant été signalé pendant l'hiver et le plus grand nombre de cas pendant le printemps. Chez les chiens sexuellement intacts, 8,5 % des femelles étaient en chaleur, et 16,5 % des mâles avaient une femelle en chaleur à proximité pendant la semaine précédant la dilatation-torsion.
NOUVEAUX FACTEURS ET CONCLUSIONS
Notre étude a identifié plusieurs nouveaux facteurs associés à une augmentation et à une diminution du risque de la dilatation-torsion. Cependant, étant donné que les données peuvent parfois avoir plusieurs significations, nous avons bien noté que certains facteurs sont probablement le résultat de la nature du sondage. Par exemple, le risque accru associé aux chiens vivant au Royaume-Uni pourrait représenter un risque réel, bien que nous ayons pris soin de noter qu'il est plus probable que les personnes interrogées au Royaume-Uni soient plus susceptibles de répondre à l'enquête si leur chien avait subi une dilatation-torsion. Un autre exemple est le risque accru associé au fait d'être né dans les années 1990. Nous avons considéré que cela pouvait refléter le fait que les chiens plus jeunes (ceux nés dans les années 2000) peuvent développer une dilatation-torsion avec l'âge, ou que la personne ayant répondu au sondage pour un chien sans la maladie était plus susceptible de déclarer un chien qu'elle possède actuellement, alors que les chiens atteints de de la maladie peuvent avoir été des chiens possédés précédemment.
Par ailleurs, ce risque accru associé au fait d'être né dans les années 1990 pourrait être le résultat d'une diminution réelle de l'incidence de dilatation-torsion en raison de l'amélioration de l'éducation des propriétaires, de la gestion, des stratégies d'élevage ou des formulations des aliments pour chiens. Parmi les facteurs de personnalité associés à l'apparition de la dilatation-torsion, les traits de comportement positifs (tempérament heureux et facile à vivre) et les comportements de soumission (envers d'autres chiens ou d’autres personnes) étaient associés à une diminution du risque; des traits comportementaux négatifs (peur ou agitation en présence d'étrangers ou face à des changements environnementaux) et l'agressivité envers les personnes étaient associés à un risque accru.
Nous avons également noté qu'il existait une association faible mais significative entre la dilatation-torsion de l’estomac et la perception qu'a le propriétaire de l'anxiété de son chien. La différence des indices d'anxiété entre les cas de dilatation-torsion et le groupe de contrôle est peu susceptible d'être détectée cliniquement en raison du système de notation simplifié que nous avons employé dans l'enquête; cependant, étant donné le grand nombre de chiens inclus dans l'enquête, ce facteur a été déterminé comme étant significatif.
Les nourritures sèches commerciales pour chiens ont été identifiées comme un facteur de risque. Ce résultat est cohérent avec une étude sur la dilatation de l’estomac aiguë réalisée par Van Kruiningen et al. chez de jeunes setters irlandais. On ne sait pas si ce risque est lié à la tendance des croquettes à se gonfler, au poids supplémentaire d'un repas aux croquettes, à l'influence sur la vidange gastrique ou à une autre caractéristique de gestion liée à l'alimentation aux croquettes. Burrows a évalué l'influence de la composition du régime alimentaire sur la vidange gastrique et la motilité chez des chiens de grande race en bonne santé nourris une fois par jour, et a constaté que la vidange n'était pas affectée par la composition du régime alimentaire (formule à base de viande en conserve, formule à base de céréales sèches, formule à base de céréales sèches mélangée à de l'eau). Contrairement à l'étude sur les setters irlandais, la fréquence de l'alimentation n'a pas influencé l'apparition de la maladie. Les chiens qui étaient principalement des animaux de compagnie (par opposition aux chiens de performance ou d'exposition) et qui passaient au moins cinq heures par jour avec leurs propriétaires présentaient un risque plus élevé. Cette constatation pourrait être influencée par des facteurs spécifiques aux chiens, tels que la condition physique et le niveau d'activité, ainsi que par des facteurs de gestion associés à des contacts plus importants. Glickman (1996) a constaté que les chiens de grande race qui participaient à des expositions canines présentaient un risque moindre, mais ce facteur n'a pas été pris en compte dans notre modèle de risque. Nous avons noté qu'il n'y avait pas d'influence détectable basée sur la condition physique; cependant, l'évaluation de la condition physique par le propriétaire n'était peut-être pas aussi objective que celle d'un professionnel qualifié.
Les principales catégories de gestion qui étaient associées à une diminution du risque étaient les compléments alimentaires et l'activité. L'ajout d'œufs ou de poisson au régime alimentaire était associé à une diminution du risque. Le mécanisme par lequel ces compléments, mais pas d'autres (par exemple, l'huile de foie de morue, les vitamines, le poulet cuit ou cru, le fromage, le yaourt ou les produits qui améliorent le poil) ont été associés à une diminution du risque est inconnu. Il était auparavant recommandé de supplémenter les aliments secs pour chiens avec de la nourriture de table afin de réduire le risque de dilatation-torsion, mais notre étude a révélé que l'alimentation avec des restes de table n'avait aucun effet significatif.
Nous avons constaté qu'une activité modérée sur la motilité gastro-intestinale pourrait potentiellement expliquer l'effet protecteur observé chez les chiens souffrant de dilatation-torsion qui passaient autant de temps à l'intérieur qu'à l'extérieur (par opposition à principalement à l'intérieur ou principalement à l'extérieur) et les niveaux probablement plus élevés d'activité physique. Une étude de Guilford, rapporte que l'exercice postprandial est considéré un facteur de risque chez les chiens. La recommandation proposée était de limiter l'activité physique intense pendant les deux heures suivant les repas. Contrairement à cette conclusion, notre étude portant sur 1 637 chiens d'exposition a révélé que la restriction de l'exercice avant et après les repas augmentait le risque chez les chiens de grande race, mais pas chez les chiens de race géante. Glickman a également constaté qu'il n'y avait aucun avantage à restreindre l'exercice avant ou après le repas et nous avons noté que les chiens qui pouvaient jouer avec d'autres chiens ou courir après le repas présentaient un risque significativement réduit. Il est intéressant de noter que le moment de l'activité après le repas n'avait pas d'impact sur le risque.
Compte tenu de nos résultats et de ceux rapportés par Glickman (1991), il semble qu'une activité physique modérée après un repas puisse diminuer le risque de dilatation-torsion de l’estomac. Il est également possible que les propriétaires de chiens présentant un risque plus élevé en raison de tendances familiales (analyse du pedigree) ou de la conformation (profondeur du corps) soient plus vigilants et plus enclins à restreindre l'activité de leur chien, introduisant ainsi un biais contre la restriction de l'activité. Bell suggère que les chiens n'héritent pas de la dilatation-torsion, mais seulement d'une prédisposition à cette affection et que le meilleur outil de sélection est le rapport entre la profondeur et la largeur de la poitrine et les chiens dont les frères et sœurs n'ont pas souffert de la maladie.
Cette étude n'était pas destinée à évaluer les pedigrees ou l'influence des reproducteurs qui sont des facteurs qui continuent d'être une préoccupation inquiétante. Comme il s'agissait d'un sondage auprès des propriétaires, nous n'avions pas les moyens de quantifier la profondeur de poitrine ou la conformation. Cependant, conformément à l'étude de Glickman (1997), les femelles présentaient globalement un risque moindre par rapport aux mâles. On a toutefois constaté que les femelles sexuellement intactes présentaient un risque accru. Cette dichotomie peut être associée au statut hormonal et aux antécédents de reproduction.
Les résultats de notre étude suggèrent d'assouplir les recommandations antérieures de restriction d'activité après les repas. En outre, il convient d'encourager une activité extérieure modérée régulière, car les chiens qui passent autant de temps à l'intérieur qu'à l'extérieur présentent un risque moindre de dilatation-torsion. La gestion de l'alimentation semble jouer un rôle important, et les croquettes ne sont peut-être pas le meilleur choix pour les chiens présentant un risque de dilatation-torsion; cependant, des suppléments à base de poisson ou d'œufs peuvent réduire ce risque. Notre étude n'a pas permis de mettre en évidence une association entre la dilatation-torsion et la fréquence de l'alimentation, la vitesse de consommation ou le fait de manger depuis une hauteur; par conséquent, aucune recommandation spécifique concernant ces facteurs ne peut être formulée à l'heure actuelle.
Il est important de réaliser que malgré les multiples études menées au cours des quatre dernières décennies, peu de facteurs de risque cohérents ont été clairement identifiés. Nous pensons néanmoins que les propriétaires devraient être informés des signes de reconnaissance précoce de la dilatation-torsion afin de pouvoir mettre en place un traitement rapide.
Jusqu'à ce que des stratégies préventives plus définitives soient disponibles, les propriétaires devraient envisager de posséder une trousse pour la dilatation-torsion (Bloat Kit- disponible sur www.breedingbetterdogs.com) et une gastropexie prophylactique pour les chiens présentant un risque élevé (Rawlings, Ward).
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Dr Carmen L Battaglia
À PROPOS DE L'AUTEUR
Carmen L Battaglia est titulaire d'un doctorat et d'une maîtrise de la Florida State University. En tant que juge de l'AKC, chercheur et écrivain, il est un expert dans la promotion des moyens d'élever de meilleurs chiens. Auteur de nombreux articles et de plusieurs livres, il est un conférencier populaire à la télévision et à la radio. Ses séminaires sur l'élevage des chiens, la sélection des reproducteurs et le choix des chiots sont bien accueillis par les clubs de race dans tout le pays. Les personnes souhaitant en savoir plus sur ses articles et ses séminaires peuvent consulter le site Web suivant : http://www.breedingbetterdogs.com