Certains d’entre vous se souviendront peut-être de mon blogue intitulé Le manieur débutant – un parcours vers l’enceinte d’exposition qui racontait mes débuts ainsi que les hauts et les bas du parcours de mon compagnon bien-aimé vers le titre de Champion canadien. Si je n’ai appris qu’une chose au cours de ces trois dernières années, c’est qu’au bout du compte, c’est le travail acharné, la détermination et la persévérance qui triomphent.
Lorsque Jackwyre Walking Trouble (connu sous le nom de Victor) a gagné son titre de Champion canadien, j’étais plus que ravie – je n’arrivais pas à croire que je l’avais moi-même manié jusqu’à ce niveau. Sitôt sortie de l’enceinte, mon mentor et coach m’a félicitée et a demandé : « Quelle est la prochaine étape? » J’ai répondu sans hésitation et sans y réfléchir : « Grand champion ».
Plus tard dans la soirée, en rentrant à la maison et devenue un peu plus calme, la réalité m’a frappée de plein fouet - il me faudrait 20 points de plus et on recommençait à zéro. Mais pourquoi pas? Qui ne risque rien n’a rien.
La première chose que je dis à tous les débutants dans le sport est qu’un des aspects les plus difficiles n‘est pas de convaincre le juge que son chien est le meilleur, mais plutôt de se convaincre soi-même que le chien est un champion. Si on ne le croit pas, comment voulez-vous que les autres y croient? Cela ne signifie pas qu’on ne connait pas les petites imperfections de son compagnon, mais tout simplement qu’il faut se concentrer sur ses points forts et le travail d’équipe et accepter qu’il y a toujours lieu de se perfectionner. Lorsque Victor a gagné son titre de Champion canadien, j’ai continué à suivre des cours car je savais qu’il y a toujours place à l’amélioration et que l’apprentissage d’un manieur ne se termine jamais.
Être résident de Terre-Neuve et Labrador constitue un défi de taille lorsqu’on exhibe un chien. Contrairement à d’autres provinces où on n’a qu’à sauter dans la voiture pour se rendre dans la province voisine lors d’un weekend d’expositions, chez nous il faut s’attendre à un vol en avion ou un trajet en traversier – pas toujours rigolo. Compte tenu du peu de clubs dans la province, on ne peut participer qu’à un nombre restreint d’événements. Par conséquent, lorsque l’occasion se présente, on se donne à fond.
Après avoir gagné le titre de Champion canadien en mai 2018, je savais que le prochain chapitre de notre histoire prendrait un peu plus de temps. L’échec n’était toutefois pas une option. La solution était d’accepter le fait que nous le titre serait gagné un point à la fois et que je serais la seule personne à manier Victor. Il n’y a pas de lien plus serré et j’étais confiante qu’ensemble, nous pourrions obtenir le titre de Grand champion.
Au cours de l’été, nous avons participé à quatre expositions du Newfoundland (All-Breed) Kennel Club en juillet, puis quatre expositions du Conception Bay Kennel Club au début du mois d’août. Après, il a fallu prendre la route en voiture avec des amis et nous avons mis plus de dix heures pour traverser la province. La prochaine étape fut le traversier pour se rendre aux événements de l’Halifax Kennel Club et à l’exposition pour races spécifiques la fin de semaine de la fête du travail. Ce serait un euphémisme de dire que j’étais absolument exténuée. Du vendredi au lundi, nous avons concouru dans sept expositions (cinq toutes races et deux pour races spécifiques) et savez-vous combien de points nous avons réussi à accumuler? Attachez vos ceintures! Un gros zéro. Fait assez curieux, je me sentais tout de même comblée d’avoir pu concourir dans une exposition pour races spécifiques en compagnie de participants chevronnés, et en dépit du résultat, je savais que les points seraient éventuellement gagnés et qu’il fallait persévérer. Cependant en arrivant à la maison, j’ai eu une révélation; nous avions énormément de travail devant nous.
Une fois rentrés chez-nous, nous nous sommes inscrits à toutes les expositions offertes au cours de l’année suivante, et le 10 août 2019, un peu plus d’un an après avoir obtenu le titre de Champion canadien, j’ai pu annoncer avec énormément de fierté que Jackwyre Walking Trouble était un Grand champion canadien. Lorsque j’ai téléphoné au CCC pour confirmer les points, mon enthousiasme évident a dû faire sourire la dame qui m’a répondu. Nous n’avions pas toujours gagné ou obtenu un premier classement ou un Meilleur de l’exposition. Par contre, nous n’avons jamais été définis par nos échecs. Chaque classement nous rapprochait de l’objectif que nous nous étions fixés.
Lorsque j’ai annoncé notre exploit remarquable dans les médias sociaux, quelqu’un a posé la question : « Et la suite? » Une fois de plus, sans hésiter j’ai répondu : « Bien sûr, nous ajouterons des titres à son nom. » Je songe maintenant au rallye-obéissance ou à l’agilité.
Pour terminer, mes conseils sont simples : « La défaite n’est une défaite que si nous l’acceptons. La victoire n’est jamais très loin, il faut tout simplement être prêt à y consacrer le temps et les efforts nécessaires. Finalement, chaque chien aura son moment de gloire. » J’espère que vous aurez tous l’occasion de dire qu’un jour qu’un chien très spécial est entré dans votre vie et a tout bousculé, comme ce fut le cas pour Victor et moi.
