Je déjeunais tout récemment avec une collègue. Comme il arrive plus souvent qu’autrement, nous nous sommes mis à parler de nos chiens. Ses chiens sont de races croisées et de formidables compagnons. Néanmoins, elle se montrait intéressée par mes expériences dans le monde des compétitions canines. Je lui ai raconté que Victor et moi étions en plein préparatifs pour attaquer l’enceinte d’obéissance, et à quel point j’étais fière de lui lorsqu’il a enfin maîtrisé le commandement de se coucher avec un signal de la main. J’ai partagé avec elle des vidéos filmées sur mon portable. Elle m’a regardé en mangeant son œuf et m’a dit : « Est-ce qu’il arrive à ton chien d’être un chien tout simplement »? Je n’ai pas hésité lui répondre en ricanant un peu : « Mais bien sûr que ça lui arrive… il
est un chien »!
J’ai l’impression que les amis et les membres de ma famille qui ne participent aux expositions et concours et qui écoutent mes propos dithyrambiques sur ces activités doivent souvent se demander si Victor a l’occasion de se détendre et vivre tranquillement sa vie canine. Pour ceux qui ne participent pas aux sports canins, il n’est pas surprenant qu’ils trouvent que pauvre Victor a effectivement une lourde charge de travail lorsqu’ils entendent mes aventures d’entraînement. Que ce soit un cours auquel nous sommes inscrits ou encore, les classes de conformation que j’enseigne tous les dimanche après-midis, je n’ai aucun doute qu’ils perçoivent que mon chien travaille sans répit. Mais au final, Victor est d’abord et avant tout un chien, un compagnons des plus fidèles, voire même mon meilleur ami. Il est un membre à part entière de la famille.

Lorsqu’il s’agit d’entraînement, je crois qu’il existe des mythes et des idées fausses. Victor et moi ne nous entraînons pas des heures durant. Ce serait en fait impossible, même si je ne travaillais pas à l’extérieur. Selon moi, l’élément clé de l’entraînement est d’entretenir une relation saine avec son chien. Cela n’implique pas nécessairement des heures de travail; des courts intervalles sont tout aussi valables. Qu’on enseigne à donner la patte ou à maintenir la position assise, personne (le chien compris) ne veut le faire sans arrêt. Si l’entraînement n’est plus un plaisir, une pause est de mise. Nos sessions sont brèves, un maximum de dix minutes de une à trois fois par jour. Il arrive parfois des occasions qui se présentent à l’improviste; je m’habillais un matin et je me suis entortillée en enfilant mon chandail. Mon bras droit s’est levé, comme si je donnais le signal « coucher ». Quelle a été ma surprise en voyant Victor se coucher! C’était la première fois qu’il obéissait au commandement et j’en ai profité pour lui adresser un tas de louanges. Nous n’avions jamais connu de succès avec ce signal lors des cours de formation, mais j’essayais un peu chaque jour. Après l’avoir longuement félicité, nous nous sommes dirigés vers le salon où il a performé à maintes reprises. Ce serait un euphémisme de dire que j’étais enthousiasmée.
Nous avons par la suite faite notre promenade matinale et je suis partie travailler. Victor est retourné se coucher pour sa première sieste de la journée. Un conseil sage : lorsqu’il s’agit d’entraînement, restez toujours positif, ne soyez jamais frustré, et tout fonctionnera bien en temps opportun. Il est possible que la leçon ne soit pas apprise la première, la deuxième, ou même la troisième fois car il faut y mettre du temps et de la persévérance.
Victor est un chien, un compagnon, un chien d’exposition, un champion d’obéissance potentiel, mais en premier lieu et le plus important, il est un membre de la famille. Il visite les beaux-parents avec nous le Jour de l’An, il prend part au défilé de Noël de notre ville, et il m’aide même à distribuer des paniers de Noël pour l’association
Animals in Need. Il est mon copain et mon complice. Certes, il participe au monde des compétitions, mais il n’en est pas moins un chien. Il gambade dans la neige en hiver et plonge dans les rivières comme un Labrador l’été (je rappelle qu’il s’agit d’un dachshund standard à poil dur!)
Je peux effectivement confirmer que oui, Victor est un chien tout simplement, et ce beaucoup plus qu’un compétiteur canin. J’apprécie les expositions et l’entraînement, qui ne servent qu’à renforcer notre relation. Ces activités lui ont donné un équilibre et m’ont permis de devenir une propriétaire plus accomplie. Si on vous demande au sujet de votre chien : « Est-ce qu’il arrive à votre chien d’être un chien tout simplement »? Je puis affirmer avec confiance que oui.